• conseil de cycle et projet d'école

    Soyons clairs, je suis tout à fait consciente d'avoir la chance (ou pas d'ailleurs) d'être directrice de mon école. Je peux ainsi être beaucoup plus libre pour différents aspects qu'impliquent cette organisation de classe.

    J'ai pu rapidement avoir un triple niveau. ( A part, cette année car cela ne serait pas pratique avec la gestion de la pandémie).

    Personne ne me reproche de ne pas travailler en équipe. Ce qui en plus n'est pas vrai car je pense être dans l'école une personne qui impulse de nombreux projets qui impliquent toutes les classes.

    Personne ne me reproche de ne pas forcément respecter les créneaux de récréation ( et oui il y a des jours où les élèves sont tellement bien en classe que de les faire sortir en récréation ne serait pas justifié voir contre-productif. IL y a d'autres jours où il faut sortir.) mais c'est quelque chose que j'autorise aussi à mes collègues. Nous sommes dans une relation de confiance et si ils ou elles pensent qu'il faut sortir car la classe n'est plus gérable et bien je les invite à le faire. Soit dit en passant, dans notre école, nous sommes tout le temps de service et j'imagine que cela serait bien plus compliqué dans une grosse école.

    Personne ne me reproche de passer une après midi dans la cour car j'ai décidé de mettre en place l’enseignement dans la nature. Je prends le temps d'expliquer et de partager avec mes collègues, les activités que je mets en place lors de ces demi journées. Ainsi, mes collègues ont l'habitude de me voir me lancer dans des projets un peu hors des sentiers.

    Dans l'école, nous avons parfois, voir souvent eu des conditions de travail difficiles mais une des choses les plus importantes que j'ai mise en place en tant que directrice, c'est le droit à l’innovation. Chacun doit avoir le droit de faire ce pour lequel il se sent vibrer. Nous avons un cadre: les programmes et le respect mutuel. Je refuse que tout le monde soit obligé de faire exactement la même chose. Chacun doit pouvoir nourrir le reste de l'équipe de ces essais.

    Il y a aussi des choses difficiles comme des parents qui ne comprennent pas forcément mon fonctionnement ou qui comparent. Je ne peux pas leur en vouloir, ils n'ont pas eu d'autre modèle. J'ai arrêté de me mettre en colère Je fais et j'enseigne ce que je trouve juste pour moi en fonction du cadre que l'on me donne.

    En ce qui concerne les conseils de cycle et le projet d'école, je participe et mets en place des activités en lien avec ce que nous décidons

    Notre projet d'école a trois orientations.

    Une orientation sur le climat scolaire tout à fait adaptable aux conditions de travail de la classe.

    Une orientation sur la compréhension de texte long. je travaille cet axe grâce à des regroupements.

    Une orientation sur la résolution de problème que je travaille aussi en regroupement mais aussi grâce à des plateaux que je mets en place dans le coin mathématiques.

    Si nous décidons au sein du conseil de cycle de mettre en place une activité plus contraignante qui demanderait pas exemple que les élèves travaillent par groupe, je m'arrangerai à ce moment là, pour organiser la classe avec un groupe détaché, soit dans un coin de la classe mais je préfère dans un autre lieu de l'école comme à la bibliothèque ou dans le couloir. Cela dépendra de la personne qui devra mener l'atelier. ( atsem ou maîtresse);

    Il y a des activités qui peuvent interférer avec le bon déroulement d'une classe autonome et il faut le garder à l'esprit, non pas pour être un(e) puriste mais pour en assumer les conséquences et les effets.

    Si vous souhaitez développer la motivation endogène, il faut savoir que tout activité qui sera proposée par l'adulte suscitera un grand engouement mais cela se fera au dépend de tout autre activité. Pour certains enfants cela retardera aussi l'accès à une motivation endogène pour faire quelque chose qui fait sens pour lui. C'est souvent quelque chose que les adultes qui viennent dans la classe, ne comprennent pas. On me dit:"regarde si tu leur proposes une activité , ils veulent tous le faire". Noël, la fête des pères, la fête des mères sont des moments où les enfants ont du mal à investir autre chose. Ils attendent de faire l’activité qu'on va leur proposer. 

    De même lorsque vous décloisonnez avec une autre classe qui ne fonctionne pas en autonomie, vous allez engendrer des perturbations dans l'organisation de la classe.

    Alors que faire?

    Je ne pense pas que de rester isoler soit la bonne solution. Je ne pense pas non plus que dire qu'il faille renier ce à quoi on croit et renoncer aux bienfaits que l'on voit apparaître au fur et à mesure dans la classe.

    Il faut partager et échanger avec les collègues sur les notions importantes comme la motivation endogène, expliquer ce que c'est, comment on la suscite. IL accepter de faire comme les collègues  à certaines périodes de l'année comme à Noël ou nous pourrons prévoir une activité dirigée pour fabriquer un objet. Nous nous arrangerons pour que cette activité ne prenne pas toute la place dans la classe. Nous organiserons les choses de façon à ce que les enfants sachent quand ils passeront. Nous ferons en sorte que l’activité n'est pas lieu dans la classe.

    Nous échangerons et sensibiliserons nos collègues sur tout ce qui peut engendrer de l'agitation et du désordre. Lorsqu'il y aura décloisonnement, nous essayerons de placer ce moment juste avant une récréation afin que les enfants ne reviennent pas en classe directement. Si les enfants d'une autre classe doivent venir travailler dans notre classe, nous veillerons à ce qu'ils respectent les règles de notre classe, quitte à l'expliquer en grand groupe à l'autre classe.

    Pour ma part, je veille à bien prendre en main la classe avant d'envisager toutes perturbations. Ainsi, par exemple la première activité proposée par l'atsem en groupe, n'a jamais lieu avant la fin du mois d'octobre. J'ai placé une table dans le couloir pour ce type d’activité. Je n'ai pas d’activité artistique comme la fabrication des couvertures de différents cahiers, porte manteau etc....

    Il n'y a pas de production d'enfants affichés en classe et si je choisissais de le faire, j'accorderais une attention très particulière afin que cela soit ordonné, esthétique et inspire la joie.

    Pour des personnes qui n'auraient pas visionné les vidéos de Céline Alvarez " une année pour tout changer" cela pourra peut être paraître extrémiste mais pour le pratiquer depuis 4 ans et surtout pour appliquer certaines règles depuis septembre j'en vois les bénéfices sur mes élèves. Je ne reviendrai pas en arrière et  cela fait tellement sens pour moi que cela a eu un impacte sur ma vie en générale.

     

    Il y a des points sur lesquels il est plus difficile de se mettre d'accord. La phonologie est encore très marquée par le travail sur le nom de la lettre et les syllabes. Je suis convaincue que pour les élèves les plus fragiles travailler le son de la lettre avant son nom est bien plus efficace. de la même façon je travaille sur le phonème bien plus que sur la syllabe. C'est vraiment là qu'est ma plus grande divergence avec les collègues. Il a fallu aussi l'expliquer à l'infirmière de PMI qui venait faire les tests de dépistages et l'infirmière scolaire. Dans l'école mes collègues n'ont pas encore renoncé à enseigner immédiatement le nom de la lettre. Ainsi, elles enseignent en même temps le nom et le son produit. Nous sommes mis d'accord pour une présentation en capital au début pour tous les niveaux.

    Un autre avantage d'être directrice c'est que je fais en sorte que les élèves ne sortent pas de ma classe avant le CP. J'accueille des élèves plus particulièrement de moyenne section et de petite section ( lorsque j'en ai) mais j'évite au maximum qu'un enfant de moyenne section fasse sa grande section dans une autre classe. c'est une choix que j'ai expliqué à mes collègues dans l'intérêt de l'enfant. C'est aussi quelque chose qui est expliqué aux parents des élèves de ma classe.

    Lorsque les élèves passent 3 ans dans ma classe, je veille à faire des décloisonnements et des échanges avec les collègues afin que les enfants rencontrent et côtoient d'autres personnalités. De plus, du fait que je suis déchargé un jour par semaine, il bénéficient systématiquement de la présence d'une autre maîtresse.

    Au cours de ces 4 années j'ai toujours partagé ma classe avec des enseignantes ouvertes curieuses, parfois un peu perdues au début mais toutes ont été ravies d'avoir fait cette expérience. j'essaie de partager un maximum tout ce que je fais dans la classe et malgré le rythme souvent effréné des semaines, je m’astreins  toute les semaine à partager mon cahier journal, les élèves sur lesquels je veux mettre l'accent et surtout surtout toutes les modifications que je fais par rapport mes réflexions.

    J'ai la chance d'avoir une équipe ouverte et aussi celle  d'avoir une collègue qui m'a rejoint l'année dernière. Elle est en congé parental cette année mais nous avons de grands projets comme celui de fusionner nos classes. Ce grand projet va nous demander de repenser beaucoup de choses et cela va soulever d'autres questionnement au sein de l'équipe.

    Je vous encourage à entamer, poursuivre et partager votre démarche et surtout à la nourrir, la faire vivre et l'adapter à toutes les contraintes que vous pouvez rencontrer. Les contraintes nourrissent la créativité, l'inventivité et l'innovation.

     


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